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L’année 2023 des officines

L’année 2023 des officines

L'année 2023 a été témoin d'évolutions significatives dans le secteur pharmaceutique, marquée par une tendance inflationniste, des négociations salariales et des problématiques de ruptures médicamenteuses. Cette rétrospective propose un aperçu des moments clés qui ont façonné l'année écoulée.

Du mouvement en officine

Tendance inflationniste, négociations de salaires, ruptures de médicaments… L’année 2023 a laissé place à de tous nouveaux questionnements dans le secteur pharmaceutique. Voici un récapitulatif des principaux événements en 2023.

L'année 2023 en quelques dates clefs

PLFSS 2024 : des économies et des nouvelles missions

En septembre 2023, le gouvernement présentait le Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) pour 2024 en France. L'objectif national des dépenses d'assurance maladie fixé à +3,2% déborde à +3,5%, mais des économies se font sur les médicaments (850 millions d’euros de baisse) et dispositifs médicaux (150 millions d’euros de baisse). 

Des mesures incluent par ailleurs, la rémunération directe des professionnels de santé pour la vaccination en milieu scolaire, la prise en charge des préservatifs, le remboursement des produits menstruels, et des bilans de prévention. Les pharmaciens peuvent désormais dispenser certains médicaments sans ordonnance après un test rapide (en cas d’angine, de cystique, etc.). Le PLFSS a été adopté début décembre, après des modifications par l'Assemblée Nationale et le Sénat, incluant des débats sur la dispensation à l'unité et la substitution des biosimilaires.

D’autres mesures ont été mentionnés dans ce projet, dont certaines pour pallier à la rupture de médicaments et la lutte contre les fraudes sociales…

Rupture des médicaments

L'hiver 2022-2023 a été marqué par une épidémie et des pics saisonniers, entraînant des tensions d'approvisionnement pour les médicaments essentiels. Malgré l'activation du plan hivernal en octobre 2023, les ruptures, notamment pour l'amoxicilline, persistent.

Le gouvernement a réagi avec des annonces, dont le Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale pour 2024 intégrant des mesures telles qu'une liste des 450 médicaments. Cependant, aucune relocalisation de la production n'a été confirmée depuis la déclaration présidentielle en juin 2023.

Les mesures concrètes, comme la charte de bonnes pratiques pour la distribution de produits de santé, n’ont été dévoilées que le 22 novembre 2023. La crise des ruptures de médicaments subsiste, c’est d’ailleurs le cas en cette fin d’année, parmi les médicaments manquants se trouvent des corticoïdes, des antiépileptiques, ou encore des médicaments contre l’asthme.

Cet état souligne la nécessité d'actions plus rapides pour assurer un accès équitable aux médicaments essentiels.

Négociations des nouveaux honoraires 

A l’automne s’ouvriront les négociations conventionnelles avec l’Assurance Maladie, la nécessité de repenser l'économie officinale post-Covid se faisant ressentir.

Depuis janvier 2023, la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) et l'Union des Syndicats de Pharmaciens d'Officine (USPO) préparent des négociations avec l'Assurance Maladie pour revaloriser les honoraires et compenser les effets de l’inflation. 

Le 14 avril, Philippe Besset, président de la FSPF, dévoile la volonté du syndicat de créer quatre nouveaux honoraires, soutenus par l’USPO : couvrant notamment le renouvellement d'ordonnances sur trois mois, la dispensation protocolisée, l'intervention pharmaceutique sur ordonnance, et un honoraire spécifique pour les 500 officines opérant dans des déserts médicaux.

En septembre, les deux syndicats réclamaient 1 milliard d'euros en ce sens. Néanmoins, le Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale ne fixe pas d’enveloppe définie. Face à cette impasse, le 21 novembre, pharmaciens et étudiants ont manifestés dans plusieurs villes, exigeant des actions concrètes. 

La profession veut être entendue pour assurer son avenir, mais quelle issue possible ?

Analyse de l’économie des officines en 2023

Le marché officinal en chiffres

Selon "Le moniteur des pharmacies", le chiffre d'affaires moyen total des pharmacies affiche une résilience en avril 2023. 

Malgré les perturbations persistantes liées à la pandémie de Covid-19, le recul n'est que de 0,5 % par rapport à la même période de l'année précédente. 

Des statistiques émergent également concernant le nombre moyen de clients par pharmacie : atteignant 4655, avec un panier moyen de 37,62 euros pour l'ensemble des ventes. 

Le chiffre par ordonnance s'élève à 52,33 euros et 16,18 euros pour les ventes hors ordonnance.

En revanche, la stabilité du marché du remboursable est à souligner, affichant une quasi constance avec 139 837 euros en 2023 par rapport à 140 036 euros en 2022.

Qu’en est-il de la marge des officines ?

Tableau 1 : la marge des officines

Le taux de marge brute globale de l’officine en 2021 marquait déjà un record depuis les années 2000 (32,2%). Pourtant, la marge brute globale en 2022 s’est vu être plus élevée, en atteignant 33,1 %(1)

Les répercussions de la COVID-19 persistent 

L’impact économique de la pandémie de la COVID-19 complexifie la lecture des marges en officine. En effet, les charges ayant grimpées, il est difficile de comparer l’évolution de ces marges.

Bien que la marge moyenne d’une officine soit estimée à 510 000 euros, la rentabilité des officines diminue en reflet à la tendance inflationniste du marché et l’augmentation des salaires.

Dans un contexte économique complexe, l'Union nationale des pharmacies de France (UNPF) rapporte une diminution de 4,8 % de la marge officinale en avril 2023 par rapport à la même période en 2022, hors missions liées au Covid-19. Le syndicat souligne les pressions exercées sur les pharmacies, attribuant la baisse de la marge à l'inflation, à la hausse des charges, et aux réductions répétées des prix des produits de santé. Dans ce contexte, le débat sur les augmentations salariales est évoqué, notant les difficultés de recrutement dans la profession. D’ailleurs, une récente enquête de Pôle Emploi classe les pharmaciens au 2e rang des professions les plus difficiles à pourvoir.

Une vague de fermetures de pharmacies est en cours…

Tableau 2 : une vague de fermetures des officines

Alors que l'inflation et l'explosion des charges d'exploitation continuent d’impacter le secteur pharmaceutique, le rideau se baisse de plus en plus fréquemment dans les officines. Selon les chiffres de l'Ordre national des pharmaciens, pas moins de 242 pharmacies ont fermé leurs portes entre janvier et octobre 2023, dépassant déjà le total de 176 fermetures enregistrées sur la période de 2021 à 2022.

Les indicateurs du premier semestre 2023 révèlent une situation alarmante, avec 38 nouvelles entrées en procédures collectives. Un chiffre qui a grimpé à 84 en octobre, selon Joël Lecoeur de la société Interfimo (CGP).

La question qui se pose est celle de la négociation avec l'Assurance maladie pour un plan de sauvetage économique. Les syndicats pharmaceutiques réclament un milliard d'euros pour revaloriser les honoraires, en particulier ceux liés à la délivrance, et pour en introduire de nouveaux. L'enjeu majeur réside dans l'obtention de cette enveloppe financière pour insuffler un nouvel élan au réseau. 

2024 sera l’année des réponses pour les pharmaciens…

(1)Le moniteur des pharmacies, n°3491/3492, du 9 décembre 2023.