Retour
Actualités

Opération « Anti-Inflation » sur le marché pharmaceutique

Inflation

Le paysage économique mondial est régulièrement soumis à des fluctuations et impacte de façon plus ou moins étendue les différents secteurs d’activité. A l’ère de la pandémie de la Covid-19 succédée par les conflits en Ukraine, les industries se sont retrouvées face à des fluctuations inédites et sans précédent. La France n’a pas échappé à ces modifications, affectant directement notre schéma économique.
Face à ses évènements, une série de répercussions économiques a émergé, dont l’inflation. Des conséquences que le secteur pharmaceutique a aussi subies. Cependant, il est intéressant de noter que la première année en officine n'a pas été impactée par l'inflation, grâce à la présence de stocks, contrairement aux pressions déjà ressenties en GMS.
Par ailleurs, le marché pharmaceutique, de par ses réglementations ou ses tendances, se distingue des autres marchés. 
En règle générale, les tendances du marché pharmaceutique dépendent de nombreux facteurs tels que : les innovations technologiques, les demandes des patients et les réglementations gouvernementales. Cumulées à l’inflation, ces variables augmentent la pression exercée sur le secteur, résultant de multiples hausses de tarifs.

Quelles sont les tendances actuelles sur le marché pharmaceutique ?

Selon le rapport d'IQVIA Pharmastat (CUF à Septembre 2023), le marché officinal métropole enregistre une croissance de 1,1%, portant le chiffre d'affaires à 32,9 milliards d'euros.
Les différentes composantes du marché suivent d’ailleurs cette tendance : 

Décomposition du marché de l'officine

Les premiers signes de l'inflation se manifestent principalement dans les statistiques de fréquentation. On observe une diminution de 4%, avec une moyenne de 1 119 passages en caisse par semaine. Cependant, malgré cette baisse, le panier moyen comptoir (sur la vente libre) connaît une augmentation de 3,6%. Cette hausse s'explique par une inflation des prix, impactant directement le coût des produits et services dans les pharmacies.

Par ailleurs, en décryptant ces données, on fait état de la pression financière dirigée vers les ménages. Ainsi, le rapport entre augmentation du panier moyen et la diminution des passages en caisse résulte d’une stratégie de hiérarchisation des besoins de la part des consommateurs.

Par conséquent, les marges des officines subissent une diminution significative, enregistrant une baisse de 11,6%. Dans ce secteur, les coûts opérationnels sont constants et nécessitent une rentrée régulière. En ce sens, les fréquences de passages réduites du consommateur peuvent créer un déséquilibre dans la rentabilité de la structure.

Comment cette inflation impacte la vente libre en pharmacie ? 

Total marché de la Vente Libre hors lancements de produits 2023

L'impact de l'inflation se fait ressentir sur l'ensemble du marché, se traduisant par une augmentation globale des prix de 3,9%.
Ainsi, cette pression inflationniste n'est pas uniformément répartie, et cette disparité dans les impacts de l'inflation se reflète de manière particulière sur le marché de la vente libre.
De nombreuses catégories ont vu leurs prix augmenter. C’est le cas notamment des premiers soins (+11,01%), de la médication familiale (+4,1%) et de la dermocosmétique (+5,1%).
Il est intéressant de noter que les évolutions de prix varient considérablement d'une catégorie à l'autre. 
Dans le secteur des premiers soins, l'inflation est particulièrement concentrée autour des tests et instruments de mesure, avec une augmentation marquée de 27,5%.
Pour la médication familiale, l'écart est plus stable : les produits pour la toux et les rhumes connaissent une augmentation de 5%, la dermatologie de 4,5%, et l'ophtalmologie de 4,4%.
Quant à la dermocosmétique, elle présente des disparités : une hausse de 7,8% sur les produits d'hygiène, 2,9% pour les produits unisexes, et 3,2% pour les produits de beauté féminins.
Point de vigilance sur ces données, les nouveautés ont été retirées de l’étude afin d’éviter de fausser les résultats par leurs prix de lancement souvent plus élevés. Toutefois, les masques et produits liés à la pandémie de la Covid-19 ont été conservés. 

Quelles sont les opérations anti-inflation en officine ?

En réponse à l’inflation et à ses impacts directs, le secteur pharmaceutique met en place diverses alternatives dans le but de combattre cette hausse des prix. 
Quelles sont les leviers des pharmacies pour lutter contre l’inflation ? 
Tout d’abord, à travers l’influence des groupements. Ayant pour objectif de protéger leur clientèle, un certain nombre d’entre eux ont mis en place des paniers anti-inflation. Cela se traduit par une sélection de produits de différentes catégories : hygiène, bébés, cosmétiques et autres à prix constants. 
Des opérations « Marge 0 » ou encore « prix bloqués » sur des paniers de produits composés de marques nationales et de marques propres ont également été proposé par certains groupements (dont Well&Well et Aprium par exemple). 
Ces promotions sont communiquées par les groupements et ils usent de ce moyen de communication pour parvenir à cet objectif de lutte contre l’inflation.  
Selon les statistiques enregistrées par le groupement LeaderSanté, 65% des ventes supplémentaires proviennent des flyers promotionnels de l’automne dernier. Une solution pour maintenir le flux de clients.

Ensuite, les MDD, le refuge des clients. En moyenne, les laboratoires ont augmenté leurs tarifs de 5 à 10% selon Lequotidiendupharmacien1. Une augmentation qui limite la marge de manœuvre des officines pour ainsi stabiliser leurs prix. 
C’est par le biais de ces majorations que les MDD fraient leur chemin dans le panier des clients. En moyenne, leurs tarifs sont inférieurs d’environ 20 à 30% par rapport aux marques nationales. 
De la sorte, cette stratégie entraîne une croissance de leurs ventes. D’ailleurs, LeaderSanté a enregistré une croissance de 3,5% de ses ventes de MDD par rapport à leurs ventes de marques nationales.

Les conséquences de l’inflation en pharmacie

Cette période d’inflation a des répercussions notables à la fois du côté des consommateurs que du marché pharmaceutique.
Pour ce qui est des pharmacies, l’augmentation des prix est le résultat d’une hausse globale des coûts, dans une tentative de conservation de leur marge. Bien que, vers la fin de 2022/début 2023, les pharmacies aient pu maintenir leurs prix grâce à leurs stocks, il est inévitable que la répression ait été ressentie au cours de ce troisième trimestre 2023.
Cette situation exerce une pression sur la capacité des pharmacies à maintenir des prix stables. Dans ce contexte, l’appel de la marge et de la rentabilité pousse les officines à augmenter leurs prix et impacter à leur tour les consommateurs.
En ce qui concerne les clients, les hausses de prix généralisées dans d'autres secteurs de l'économie ont un impact direct sur le pouvoir d'achat des consommateurs. 
Selon une étude IFOP pour Biogaran2 réalisée en avril dernier, les patients sont de plus en plus attentifs au prix des médicaments sans ordonnance, avec 70% d'entre eux accordant plus d'importance au prix qu'à la marque du médicament. Cette tendance met en évidence la préoccupation croissante des consommateurs quant à leur capacité à gérer leurs dépenses en matière de santé.

Données par IQVIA Pharmastat.

1 Selon l'article, Le Quotidien du pharmacien, "Des initiatives pour protéger le pouvoir d'achat des clients".

2 Etude IFOP Biogaran auprès d’un échantillon de 2 005 personnes - Avril 2023.